La chronique de PilouBéarn

  • Appelez s’il vous plaît

    Papa est venu me voir tout à l’heure. Oh, je n’aime pas quand il a cette tête-là. Il est venu me dire que tu étais parti. Enfui. Si soudainement, ça me paraît louche. Mais Papa ne me mentirait pas, pas vrai ?

    Je me rappelle du jour où je t’ai eu. Quelle surprise ! On venait d’aménager dans notre nouvelle maison, tu sais, celle que Papa et Maman ont rénovée. Ils m’ont demandé de sortir du salon et sous les sapinettes, qui traverse le jardin pour venir me voir ? Toi, tout heureux ! Tu t’es mis à courir vers moi, m’as sauté dessus, et on ne s’est plus jamais lâchés. Tu es devenu à cet instant précis mon chien, mon ami. Le soir même, on regardait les étoiles ensemble. On l’a fait si souvent.

    J’ai tellement de bons souvenirs avec toi, si doux. Je ne sais même pas par où commencer. Tout ici me ramène à toi. Ta laisse, quand on allait au gave ensemble. Tu te rappelles de l’anguille que tu m’as ramenée une fois ? Qu’est-ce que ça puait ! Et tes balles, tes nombreuses balles. Que vais-je en faire ? Elles qui ont encore tes marques, ton odeur. Tu as toujours été là pour moi. Même dans les moments les plus durs. Oh non, je ne les citerai pas, mais tu séchais toujours mes larmes. Et mes bobos, tu les léchais aussi. Ils guérissaient plus vite tu sais. Papi dit qu’il faut qu’un chien lèche les plaies, ça aide.

    Papa et Maman m’ont dit qu’ils avaient demandé à tout le village s’ils t’avaient vu. J’espère qu’on te trouvera et appellera. Je suis clouée devant le téléphone depuis des heures. Il sonnera, j’en suis certaine. Bien sûr que les gens appellent quand ils voient un chien seul. Mais aujourd’hui, tu es parti. Je ne te rendais pas heureux ? Tu voulais un autre enfant pour jouer ? Peut-être que je ne jouais pas assez avec toi ? Oh reviens s’il te plaît, je te promets de jouer tous les jours avec toi !

    Ce soir, je regarderai les étoiles. J’espère que toi aussi.

    En partant, tu as oublié ton doudou sur le canapé. J’espère qu’un jour, tu viendras le chercher.

     

    Retrouvez mon billet d'humeur mensuel dans La Chronique de PilouBéarn du numéro 282 de La Gazette du Béarn des Gaves ainsi que dans l'édito du numéro 34 du Journau de PilouBearn.

  • L'école de la vie

    Que ce soit pour les infrastructures, individus que l’on y rencontre ou ce que l’on y apprend, on peut se poser une question : en quoi le rugby est différent de l’école ?

    Les vestiaires d’abord. Comme à l’école, on y retrouve des bancs, vieux pour la plupart. Oh c’est vrai que nombre de communes ne peuvent se permettre un rafraîchissement des vestiaires et de l’école du coin. Alors on s’en accommode, ça nous laisse un souvenir intarissable de l’odeur et de l’ambiance générale qui en émanait. Et puis entre nous soit dit, c’est déjà top d’avoir un stade et une école. Et on se sent chanceux.

    Les individus ensuite. Au rugby, tout le monde a sa place : le petit, le grand, le fin, le gros, celui pour qui c’est facile, celui qui va ramer sévère, le leader, le discret... Comme à l’école, en somme. Le rugby prône l’intégration, le respect de l’autre. Je me rappellerai toujours des accueils que m’ont réservé les deux clubs auxquels j’ai été affilié. Alors que mon rôle était plus risible qu’un chasuble de 2004 pour l’un, alors que je suis loin d’être Michael Buffer pour l’autre, les deux m’ont ouvert les bras avec chaleur. Je ne leur dirai jamais assez merci. Et on se sent chanceux.

    Les valeurs enfin. Le rugby prône la solidarité, le courage et la convivialité, mais aussi la loyauté et la fête pour célébrer l’effort et l’amitié après le match, en voilà des points communs avec l’école, quelque part. Tout comme la réflexion, le sens des responsabilités aussi. Ou bien le respect de l’autorité, qu’elle soit celle de l’instit’, de l’arbitre ou du coach. Et on se sent chanceux. Bien entendu, tout cela est valable en bien des points avec le sport en général.

    Bien sûr ! Mais ceci dit, tout cela peut paraître davantage normal pour une personne qui baigne de près ou de loin dans le rugby. Ne craignons pas les mots : en bien des choses, le rugby est une école de la vie.

     

    Retrouvez mon billet d'humeur mensuel dans La Chronique de PilouBéarn du numéro 281 de La Gazette du Béarn des Gaves ainsi que dans l'édito du numéro 33 du Journau de PilouBearn.

  • La pollution est dans le pré

    Bonjour, moi c’est Didier, 48 ans, célibataire et éleveur bovin en Béarn, à proximité de Pau pour les Parisiennes. C’est pour moi une chance de participer à l’Amour est dans le pré. Puis voir Karine être à deux doigts de glisser à cause de ses talons… enfin, vu la hauteur ce sont des échasses. Ça vaut le détour quoi.

    Je suis mon propre employeur. Je gère mes heures, travaille dehors la plupart du temps. C’est un rêve de gosse de faire ce métier. Je revois encore les yeux de mon père quand j’ai repris l’affaire. La fierté. Autant pour lui que pour moi je pense. Con de poussière dans l'œil.

    Mais la réalité au fil des années… Les dettes, les huissiers, acheter plus de matériel pour plus de chiffre. Moi qui y suis par passion, j’en suis à parler de rendement. Cette course au chiffre est pensante vous savez. Pas que pour moi. Mon père ne me voit plus heureux, madame est partie, mes enfants aussi. Eux qui petits pataugeaient dans la boue avec les bêtes, je ne pense pas qu’ils reprendront l’exploitation. Malgré ce que l’on entend, la vie à la ferme ce n’est pas facile.

    Moi dans tout ça ? Eh bien malgré tout, je pense être un bon gars, rigolo et aimant. Très aimant même, tant la ferme est une maîtresse exigeante. Mes principaux atouts ? Disons que si vous écoutez le gouvernement et la Cour des comptes, sachez que vous aurez la chance de côtoyer les premiers pollueurs du pays. Classe non ? Imaginez comme je suis riche, je me permets de polluer par plaisir.

    Vous ne comprenez pas ? C’est simple. L’Etat demande une stratégie de réduction du cheptel bovin pour respecter les engagements climatiques du pays. En gros, réduire le nombre de vaches. Venant de personnes mangeant de la viande en quantité, poussant aux profits les grosses sociétés en tous genres, faisant des allers-retours en avion pour nous dire comment moins polluer, venant de rédacteurs n’ayant jamais vu un tracteur, je trouve ça savoureux. Pas vous ?

     

    Retrouvez mon billet d'humeur mensuel dans La Chronique de PilouBéarn du numéro 280 de La Gazette du Béarn des Gaves ainsi que dans l'édito du numéro 32 du Journau de PilouBearn.

     

    Un apercu dans le cur d une fan